Alain JACQUES

La présence militaire à Arras au Bas-Empire

Les fouilles de la rue Baudimont

Circonstance de l'intervention

Dans le programme d’action foncière du District Urbain d’Arras du 14 janvier 1981 était annoncé la restructuration du quartier Baudimont dans un délai de 10 ans.

Ce projet de rénovation urbaine se trouvant au cœur de la ville gallo-romaine, on pouvait donc présumer que les terrassements mettraient au jour des témoins importants du passé de la ville.

A la suite des nombreux chantiers réalisés, il est possible de replacer le site dans le contexte plus large de la ville antique ; il s’avère que l’ensemble du projet Baudimont occupe tout le quart Nord-Ouest du castrum (fig. 1).

Ces recherches (1) menées rue Baudimont depuis 1984 nous ont permis de renouveler nos connais¬ sances sur la ville antique de Nemetacum — chef-lieu de cité des Atrébates — avec notamment la mise au jour d’un édifice cultuel dédié aux dieux orien¬ taux Attis et Cybele.

Cet ensemble est reconnu sur 1 200 m2 et consti¬ tue ainsi la première manifestation d’une parure monumentale jusqu’à présent inconnue à Arras.

Ce complexe cultuel réalisé dans la première moitié du IIIe siècle subira des transformations pro¬ fondes dans son organisation spatiale avec l’édifi¬ cation de la muraille du castrum à la fin du IIIe siècle. Cet édifice sera définitivement détruit dans la décennie 370 (Jacques/ Belot, 1990).

C’est dans ce bâtiment ruiné que s’implante dans la décénie 380 un nouveau sanctuaire dont les structures et les rites nous renvoient vers le monde germanique.

I. Le sanctuaire «germanique» : phase III A et B, décennie 380 (Fig. 2-Ph. 1)

Description des structures

Dans l’état actuel des recherches, la fosse E30 semble être la plus importante. Elle se présente sous la forme d’un rectangle de 3,25 m de long, de 2,60 m de large et de 1 ,40 m de profondeur. Les parois sont planchéiées.

Un muret, de 40 cm de large, fondé sur un radier de craie et de tuiles damées, couronne cette fosse.

L’effondrement, à l’intérieur de la fosse, de la paroi ouest de ce muret indique une élévation minimum d’un mètre. Ce muret constitué de cinq assises de blocs calcaires ou de restes architecturaux grossièrement équarris et liés à l’argile jaune.

Également préservées sous cet effondrement, des tuiles complètes, plates et demi-rondes nous auto¬ risent à émettre l’hypothèse d’une couverture réa¬ lisée avec ces matériaux.

Cette structure, primitivement dépourvue de protection, sera au cours de la phase b intégrée dans un petit bâtiment sur poteaux de 6 m de long sur 5 m de large.

Cette construction nous est suggérée par l’obser¬ vation de quatre poteaux corniers à bases non appointées et uniquement maintenus par des pierres de calage.

Il en va différemment pour le trou de pieu 604 qui présente des mensurations importantes : 0,50 m de diamètre pour 0,60 m de profondeur. Ce poteau, localisé à proximité de l’entrée ouest, est isolé.

D’autres structures, appartenant à la phase Ilia, peuvent être mentionnées : il s’agit de foyers plats (C.15 et C.64) directement posés sur le sol, des fosses F. 15, 20, 31 et 32, d’une rigole 930, ainsi que d’une structure rectangulaire de 2,20 sur 0,80 m délimitée par quatre piquets d’environ 0,12 m de diamètre et de 0,20 de profondeur.

Le foyer C.63 et les fosses F.29 et F.34 sont à relier à la phase Illb et F.347. Ces foyers particu¬ lièrement nombreux n’ont pas livré d’informations précises sur leur utilisation : rituelle, culinaire... Les séquences stratigraphiques sont courtes et démon¬ trent un laps de temps relativement bref entre ces deux états.

Certaines structures, comme l’aire de dépôts d’offrandes ouest, les fosses F. 30 et F. 32 ont d’ail¬ leurs fonctionné conjointement durant ces deux périodes.

Les dépôts de la fosse F.30

Le premier niveau d’utilisation 2417 a livré le matériel suivant : un bol, une céramique bilobée, des clous, une plane en fer, un fond de dolium, une cruche en terre rougeâtre, des terres cuites architec¬ turales, des moellons calcaires ainsi que des frag¬ ments épars de céramique mêlés à des cendres. Un petit foyer circulaire de 0,40 m de diamètre était visible au centre de la fosse. Deux trous de poteaux occupaient respectivement le milieu des parois Est et Ouest.

Séparé de la couche sous-jacente par des niveaux de terre grise, le second sol d’occupation (fig. 3)

195